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Correspondance

Comment faire la paix ?

today18 décembre 2023

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«Tout peut se reproduire en histoire, nos sociétés sont toutes menacées par les systèmes totalitaires», disait Raymond Aron.

En ce mois où les chrétiens fêtent Noël, où pendant la première guerre mondiale, des trèves, spontanées avaient fait cesser les combats, où de part et d’autres des tranchées les soldats avaient baissé leurs armes… où pendant un brefs laps de temps la paix avait régné pour fêter Noël. On peut se demander où chercher et peut-on croire encore à la paix et au retour de l’espérance ?

En ces temps très violent, très conflictuel, on assiste à la défaite de la pensée complexe, à savoir, une pensée de la contradiction, une pensée qui serait capable de regarder les deux parties qui s’affrontent et d’essayer d’avoir de l’empathie pour ces deux antagonismes. Quand deux systèmes de valeurs s’opposent, tous les deux légitimes mais qui ne peuvent pas cohabiter, deux puissances, deux absolus qui ne peuvent co-exister… nous spectateurs de ce conflit, nous devons essayer… de comprendre ces deux légitimités qui s’affrontent, nous nous devons au moins d’entendre la voix de ces deux parties. Il faut cette empathie pour les protagonsites.

Comment penser cet impensable qu’est la compréhension de l’autre dans ce qu’il a de différent avec moi, seul moyen d’espérer un peu d’espérance. ? C’est le sujet de cette correspondance de cette fin d’année.

Le plus grand crime de l’humanité, «le mal ontologique» comme Vladimir Jankélévitch (né en 1903 à Bourges de parents russes et mort en 1985 ) l’appelle, est impardonnable parce qu’il se dirige contre l’humanité même. Le philosophe tire de cette prise de conscience la seule conséquence possible : rompre une fois pour toutes avec les Allemands, leur langue et leur culture. Sa thèse sur Schelling, son amour des compositeurs allemands, le fait que son père ait, le premier. Ne plus jamais lire les philosophes allemands. Ne plus écouter de musique allemande. Ne plus jamais mettre un pied sur le sol allemand. Une intransigeance qui vacille en 1980, le jour où Wiard Raveling, un professeur de français d’une petite ville du nord de l’Allemagne lui écrit une lettre… car il a entendu Vladimir Jankélévitch à la radio, expliquée, la gorge serrée : « Je n’ai jamais encore reçu une lettre qui fasse acte d’humilité, une lettre où un Allemand déclarerait combien il a honte…Les Allemands ont tué six millions de Juifs, mais ils dorment bien, ils mangent bien, et le mark se porte bien.»

Né en 1939, Wiard Ravelling est innocent des crimes de la Seconde Guerre mondiale. Pourtant, il se sent concerné par le reproche de Jankélévitch : des hommes, des femmes, des vieillards, des enfants furent gazés par des Allemands, transformés en savon, des nourrissons frappés à la tête contre le mur. Wiard Ravelling est marié et père de trois enfants, il n’a jamais fait de mal à un Juif et il ne se sent pas pour autant innocenté. Lui, à la différence d’autres, veut demander pardon. Et ce pardon, il l’adresse dans une lettre à Jankélévitch.

Lecture de la lettre de Wiard Ravelling à Vladimir Jankélévitch puis lecture de la réponse du philosophe.

Jankélévitch et Wiard Raveling sont restés en contact jusqu’à la fin.

Automne 2011. Wiard Raveling a 72 ans il témoigne dans philosophie magazine, qu’il n’est pas sûr qu’il écrirait sa lettre de la même manière aujourd’hui. Finalement, seul quelqu’un qui a fait quelque chose de grave peut se sentir coupable. « Pour moi, seule la faute individuelle existe », explique-t-il. Mais peu après il ajoute : « Cependant, c’est un sentiment tout à fait étrange que d’être un Allemand de ma génération. Je viens du pays des meurtriers. » La faute des Allemands nous est-elle imposée comme le péché originel ? La faute disparaît-elle avec les hommes ? « Moi, je souffre de l’Allemagne, écrivait Raveling dans sa première lettre. Maintenant qu’il est vieux, il formulerait la phrase autrement : « L’Allemagne est une blessure qui se rouvre de temps en temps. Comprenez-vous la différence ? »

Etty Hillesum Une vie bouleversée (Le point poche)

« Les gens ne veulent pas l’admettre: un moment vient où l’on ne peut plus « agir », il faut se contenter d' »être » et d’accepter. Et cette acceptation, je la cultive depuis bien longtemps… »
« En fait, je n’ai pas peur. Pourtant je ne suis pas brave , mais j’ai le sentiment de toujours avoir à faire et la volonté de comprendre autant que je le pourrai le comportement de tout un chacun.
« E
n dépit de toutes les souffrances infligées et toutes les injustices commises, je ne parviens pas à haïr les hommes. Et l’absence de haine n’implique pas nécessairement l’absence d’une élémentaire indignation morale ».
« 
Je sais que ceux qui haïssent ont à cela de bonnes raisons. Mais pourquoi devrions nous choisir la voie la plus facile, la plus rebattue? » Et que toutes les horreurs et les atrocités perpétuées ne constituent pas une menace mystérieuse et lointaine,extérieure à nous, mais qu’elles sont toutes proches de nous et émanent de nous-mêmes, êtres humains. Elles me sont ainsi plus familières et moins effrayantes. L’effrayant c’est que les systèmes, en se développant, dépassent les hommes et les enserrent dans leurs poigne satanique, leurs auteurs aussi bien que leurs victimes, de même que de grands édifices ou des tours, pourtant bâtis par la main de l’homme, s’élèvent au dessus de nous, nous dominent et peuvent s’écrouler sur nous et nous ensevelir. »

SON
L’Hymne à la nuit de Jean-Philippe Rameau, Version 1958 par par les petits chanteurs à la croix de bois

The partisan Léonard Cohen

Esperanza laranesa de André Minvielle et Marc Perrone

Brothers in arms Dire straits, version de Joan Baez


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