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Correspondance

S’il n’y avait pas le doute, il n’y aurait pas ces moments inespérés

today7 juin 2021

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« S’il n’y avait pas le doute, il n’y aurait pas ces moments inespérés. » Philippe Jaccottet

À quoi bon écrire si c’est pour aligner des cailloux comme des mensonges ?

Comment nouer un lien avec la société, mieux encore à être irrémédiablement lié à elle, quand on ressent une méfiance et l’incapacité des mots ?

Brel a arrêté de chanter car il ne voulait pas tricher, il pensait que s’il continuait, il allait utiliser des trucs, il serait moins sincère. À quoi bon écrire si c’est pour faire semblant ?

Le poète dont je vais vous parler aujourd’hui a été envahi par ce trouble, cette méfiance, il a vu le danger de l’art pour l’art, il a senti que c’était facile de s’accoquiner avec les mots pour faire du beau, il a eu peur de perdre toute consistance en disparaissant dans la magie des mots.

La Lettre de Lord Chandos est un manifeste de la dissolution de la parole et du naufrage du moi dans le flux désordonné et indistinct des choses que le langage ne peut plus nommer ni dominer.

Il explique son désespoir quant au langage en se mettant dans la peau de lord Chandos, un jeune seigneur anglais du XVIIème siècle qui raconte cette crise dans une lettre réponse qu’il adresse au philosophe Francis Bacon, un scientifique, un philosophe et un homme d’État anglais du XVII ème siècle. Il lui explique pourquoi il a renoncé à toute activité littéraire.

Né en 1874 à Vienne Hugo von Hofmannsthal est un écrivain exceptionnellement doué, il a connu la célébrité autour de sa vingtième année, poète, traducteur, auteur de pièces de théâtre en vers qui exaltent l’esprit de la Renaissance… Il pressent le vide de son époque, la dissolution générale des valeurs qui est en cours sous les fastes du siècle et qu’il tente de sauver par son art, qui est un appel vers un monde intermédiaire où le rêve et la réalité se rejoignent où les choses sont faites du même tissu que les songes.

Tout ce que nous rencontrons, que nous le voulions ou non, nous modifie.

Deuxième lecture Extrait de la lettre manifeste de Wajdi Mouawad dans laquelle il explique Pourquoi le théâtre de La Colline n’ouvre pas ses portes.

Tout simplement parce que nous n’avons pas encore l’intelligence pour inventer le monde dont nous prétendons, si prétentieusement, si malhonnêtement, être les rêveurs. 

L’intégralité de son manifeste :

Manifeste de Wajdi Mouawad – Mai 2021 | La Colline théâtre national

« La beauté du monde cette faveur qui n’appelle pas le rire ni les grimaces que l’on peut voir et entendre partout, le monde entier est devenu un gigantesque éclat de rire, mais la beauté du monde, elle n’appelle pas le rire. Mais l’émerveillement. Il suffit d’ouvrir les yeux pour la retrouver.

Ce monde est tellement beau la route a été longue pour s’en souvenir. »

Sébastien Lapaque Ce monde est tellement beau

Musique

Pink Floyd extrait The wall

Introduction d’une musique du groupe québécois Les Cowboys Fringants, album La Grand-messe,

King Arthur : semi-opéra en cinq actes sur un livret de John Dryden et une de Purcell. Ariane Mnouchkine l’a utilisée pour son film Molière

Les cowboys fringants : les maisons toutes pareilles

Référence littéraires

Lettre de Lord Chandos de Hugo Von Hofmannsthal NRF 1902

Sébastien Lapaque Ce monde est tellement beau Actes sud

Annie Le Brun

Si elle doit mener quelque part, la poésie n’a pas d’autre sens que de nous mener vers ce que nous ne savons pas voir


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